Joan Miró

Miró naît à Barcelone en 1893, toutefois le début de sa carrière artistique est très marqué par l'influence du paysage de Mont-roig, petit village du sud de la Catalogne où sa famille passait les vacances. Cet environnement rural transmet au peintre l'énergie nécessaire pour réaliser ses premières grandes compositions, destinées à vanter les bienfaits de la vie à la campagne.

Tel que le relatent ces livres sur Joan Miró, dans un premier temps, l’artiste se rapproche de mouvements comme le fauvisme et le cubisme, mais développe au fil du temps un style plus personnel caractérisé par l’importance du détail. C’est à cette dernière étape qu’appartient La Ferme, l’une des œuvres les plus importantes de Joan Miró. Dans cette toile, l’artiste associe le réalisme à l’abstraction, en introduisant des figures géométriques d’ordre symbolique. De cette façon, il anticipe certains des traits qui seraient récurrents dans ses travaux ultérieurs.

Le surréalisme

À partir des années 1920, Miró s'installe à Paris, ville cosmopolite et dynamique où il développe ses connaissances des avant-gardes et établit des liens qui allaient être transcendantaux pour son avenir.

Dans cette nouvelle étape, Miró rompt radicalement avec son style antérieur pour adopter un langage très proche des postulats du surréalisme, un mouvement qui défendait la validité du monde de l’inconscient et des élans irrationnels. Parmi les premiers tableaux surréalistes de Miró se trouvent notamment Le Carnaval d’Arlequin et Dialogue d’insectes, des compositions pleines de personnages imaginaires qui renvoient au domaine onirique.

Même si Miró est considéré plus tard comme l’une des principales références du surréalisme, l’artiste se résigne à suivre les diktats du secteur le plus dogmatique du mouvement. Durant ces années, l’artiste participe à des projets qui suscitent des critiques acerbes de la part des surréalistes les plus politisés, comme ses collaborations avec les Ballets russes, la prestigieuse compagnie de danse dirigée par l’entrepreneur Serge Diaghilev.

De la même manière, le peintre s’engage sur un terrain de plus en plus expérimental, recherchant les possibilités de techniques comme le collage. Ce désir de rupture pousse l’auteur à avouer qu’il voulait « tuer la peinture ».

Des années de conflit

Durant les années 1930, Miró s'éloigne du mouvement surréaliste pour évoluer vers un style plus expressif, qui reflète sa préoccupation au vu du contexte politique et social agité de l'époque. Le début de la guerre civile espagnole en 1936 oblige le peintre à rester à Paris avec sa femme et sa fille, où il dénonce l'horreur du conflit à travers diverses œuvres poignantes.

C’est de cette période que datent les dénommées « peintures sauvages », parmi lesquelles figurent certaines des œuvres les plus expressives de Miró, comme Femme et chien devant la lune.

Alors que le début de la Deuxième Guerre mondiale est imminent, Miró déménage sur la côte normande et commence une série de compositions introspectives qui établissent les paramètres esthétiques qui guideraient l'artiste dans les prochaines étapes de sa trajectoire artistique. C’est la période des Constellations, une série d’aquarelles sur papier qui établissent un nouvel univers iconographique formé de figures stylisées unies par des réseaux de lignes complexes.

Le succès international

En 1940, Miró met fin à son exil en France et retourne en Espagne, où il est blâmé par les autorités pour son soutien aux vaincus de la guerre civile. Malgré cet isolement, l’artiste voit que son travail commence à être reconnu à l’étranger.

Les tableaux de Miró touchent un public de plus en plus large grâce aux rétrospectives organisées par des institutions comme le MoMA de New York, ce qui contribue à accroître la demande des œuvres du peintre sur le marché international de l’art.

Tandis que sa réputation grimpe en flèche dans des pays comme les États-Unis, nouvel épicentre de l'innovation culturelle, l'artiste alterne la peinture avec la lithographie, la sculpture et la céramique.

Dans ce dernier domaine, on trouve notamment les œuvres que Miró a réalisées en collaboration avec le céramiste Josep Llorens Artigas, comme les fresques de l’université de Harvard et du siège de l’Unesco à Paris.

Les dernières années

Établi à Palma de Majorque depuis1956, Miró travaille à un rythme effréné jusqu'à la fin de ses jours, remettant constamment son style en question et participant à des projets en tout genre afin de faire connaître son univers au grand public.

Durant les années soixante, l’artiste travaille sous l’influx de l’expressionnisme abstrait, simplifiant encore plus son tracé pour trouver un langage plus direct. Les œuvres de Miró appartenant à cette période, comme le triptyque Bleu, témoignent de cette réorientation stylistique à travers laquelle le peintre a démontré une fois de plus sa capacité à se surpasser.

Dans les années soixante-dix, Miró continue à rechercher de nouvelles formes d’expression et enchaîne diverses phases d’effervescence créative. Durant ces années, le peintre destine aussi une grande partie de son énergie aux sculptures monumentales, parmi lesquelles se trouve l’emblématique Femme et oiseau située à Barcelone, qui apparaît dans le Flip-book de Miró édité par Dosde.

De la même manière, l'artiste concrétise l'un de ses projets les plus ambitieux : la création de deux fondations, l'une à Barcelone, l'autre à Palma de Majorque, destinées à encourager la diffusion de l'art contemporain.

Alors qu’il ne trouve plus la force suffisante pour travailler dans son atelier, Miró se consacre exclusivement au dessin en utilisant tous les papiers qu’il a à sa portée pour exprimer ses idées. Ce sont les derniers témoignages du talent de l’artiste qui s’éteint en 1983 à Palma, après une vie marquée par l’expérimentation constante.